C’était il y a très longtemps, dans un temps où les super-héros étaient encore de ce monde. Combattant le crime et le mal avec des pouvoirs bien au-delà de ceux de l’humain normal, ils étaient véritablement les sauveurs de l’humanité. Ils aimaient les humains; étant un peu humains eux-mêmes, ils n’avaient jamais oublié cette partie d’eux-mêmes et faisaient tout en leur possible (qui était énorme!) pour aller à la rescousse des hommes, des femmes et des enfants.
Malheureusement, il y a toujours de ceux qui cherchent à faire du mal simplement parce qu’ils aiment faire le mal. Ces malfaisants, plus forts que l’humain normal, semaient la terreur dans les cœurs des villes et villages. Heureusement, les super-héros se révélaient toujours plus forts qu’eux, et réussissaient à secourir l’humanité épisode après épisode après épisode, à un tel point qu’on n’entendit plus parler des méchants qui terrorisaient le monde.
Un super-héros sans super-vilain à combattre se retrouve en quelque sorte au chômage : ne sachant que faire de ses pouvoirs, il saute sur la première occasion venue. Celui qui volait au secours des avions qui s’écrasaient se retrouvait à offrir un service de taxi. Celui qui soufflait le feu employait ses pouvoirs pour les pratiques des pompiers. Mais ils étaient tous foncièrement insatisfaits, et dès qu’un « désastre » se produisait, tous ceux avec des pouvoirs similaires se retrouvaient sur scène, en compétition pour accomplir et performer.
C’est alors que certains, ne voulant pas vivre parmi les humains qui ne les comprenaient pas (les problèmes personnels des super-héros sont très différents des nôtres) ont commencé à se construire des espèces de lieux secrets où les supers pourraient se réunir, passer du temps ensemble et être eux-mêmes avec des gens qui les comprenaient. Ils commencèrent à se détacher du monde des humains jusqu’au moment où aucun super-héros ne connaissait des humains. Ils étaient bien ainsi.
Mais ce qui leur restait de leur nature humaine les poussa à se regrouper par types de superpouvoirs : les hommes-forts ensemble, les pyromanes ensemble, les rapides ensemble, et ainsi de suite. Il y avait même des clans où il n’y avait qu’un ou deux membres!
Lorsque l’homme n’a de comparaison que des gens qui lui sont similaires, il se crée des castes afin de se sentir plus spécial que ceux qui l’entourent. C’est ce qui se produisit : chaque groupe commença à dénigrer les autres groupes, se déclarant chacun comme étant les « vrais » super-héros, insinuant donc que les autres étaient des imposteurs.
Inévitablement, un combat a éclaté une nuit entre deux clans, et c’était tout ce qu’il fallait à la ville cachée pour exploser dans un combat sanguinaire, chacun cherchant à prouver que c’était son pouvoir qui était le véritable superpouvoir. C’était absolument horrible. Se réjouissant d’avoir enfin un peu de compétition, ils s’y prirent tous à grande joie. S’étant chacun endoctrinés à l’idée d’être l’unique super-héros, les autres clans étaient devenus des imposteurs et des ennemis. C’est à ce moment terrible que le mal qui se tramait depuis tant d’années a décidé de se révéler enfin parmi les humains.
Il y eut des ravages effroyables. Âme après âme tombait par la main du mal. En plus de cela, quelques uns se joignirent au mal et se tournèrent contre leur propre race. On criait à l’aide, mais on ne savait plus à qui crier. Les super-héros? Ou bien on n’y croyait pas, ou bien on savait que de toute façon ils étaient bien trop occupés à s’entredétruire pour aider ou aimer les humains.
L’espoir s’étouffait alors que l’humanité mourait. Si seulement les super-héros pourraient voir où est le vrai ennemi au lieu de chercher à annihiler ses semblables! Reste-t-il même des super-héros qui aiment assez les humains pour aller les secourir?
Une courte allégorie était le seul moyen pour moi d’exprimer ce que je vois, ce dont je suis coupable et ce qui me brise le cœur. Nous les Chrétiens d’aujourd’hui sommes affligés d’un maux terrible : nous avons oublié notre vraie tâche. À force de se cloîtrer ensemble pour être confortables, nous avons développé une espèce de complexe de « sainteté » qui nous amène à nous attaquer les uns les autres, à nous juger entre nous, à se créer une moralité qui n’a jamais été de Dieu… Nous sommes devenus des néo-pharisiens, trop occupés à faire respecter nos valeurs pour voir qu’il y a des gens qui souffrent, qui sont désespérés, qui sont découragés, qui cherchent l’espoir sans la trouver et ce, juste à nos côtés.
On m’a dit un jour ceci : « Nous sommes dans une guerre spirituelle, et quand les combattants n’ont plus rien à combattre, ils commencent à se battre entre eux. » Alors qu’on entre en guerre les uns contre les autres et qu’une animosité terrible se crée, l’ennemi fait des ravages. Nous ne pouvons pas le laisser continuer!
Nous sommes les secouristes de l’humanité. Nous avons mieux à faire que de nous obstiner sur des conneries; il y a des gens qui meurent dehors, en ce moment même.
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